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JOURNEES DU PATRIMOINE
15 et 16 septembre 2007, dans le cadre des journées du patrimoine j'ai choisi de vous présenter le travail de deux troupes de spectacles, une façon de voir autre chose que les nombreuses visites guidées de monuments ou de musées proposées sur le dunkerquois.
Dunkerque l'embellie, 1936
"Il y a des gens qui ont des choses à dire, c'est pas parce qu'on a 100 ans qu'on a tout oublié" Marguerite Janssen
2006 était l'année du 70ème anniversaire du front populaire qui a marqué l'arrivée de droit sociaux et des congés payés, l'idée est venue de recueillir des témoignages auprès de personnes dunkerquoises ayant vécues cette époque. Ces témoignages ont été mis en scène par le THEATRE DE L'ESCARMOUCHE avec deux représentations à la maison de quartier du Méridien à Dunkerque Malo-les-Bains.
"C'était très dur à cette époque, avant il y avait beaucoup de travail mais après c'était le chômage partout. Les enfants travaillaient pour rien. C'était la misère. C'était dur pour les ouvriers, ils travaillaient dur pour peu d'argent. La journée commençait à 6H le matin, on avait une demi-heure pour manger et jusqu'à 6H le soir et du lundi au samedi soir. C'était long!"
"J'étais bonne à Dunkerque. J'ai commencé à travailler à 14 ans après le certificat d'étude. Le matin, je commençais à 7H jusqu'au soir après la vaisselle. Je sortais le dimanche après-midi vers 3H, quand j'avais tout fini et il fallait que que je sois rentrée le lundi pour 7H. Pas comme maintenant! pas de congés, rien du tout. Travailler, travailler, travailler... on pouvait rien dire, dans ce temps là, on pouvait rien dire, on acceptait tout. On cherchait même pas à se révolter. On acceptait par force, on était obligé. J'acceptais parce qu'il fallait que je gagne de l'argent."
"Le patron dépannait les malheureux quand il y avait un malheur. Le patron, c'était surtout un recours: on était malheureux, on allait le trouver et il nous aidait ou alors il trouvait une solution. C'était rassurant. On était reconnaissant vis à vis des patrons. Quand il y avait des communions solennelles, le patron donnait des robes de communiants. Quand il y avait une naissance, la patronne donnait la layette; bleu marine parce que le rose, le bleu ciel, le blanc c'était pour les enfants de patrons. Les enfants d'ouvriers avait du bleu marine. La patronne était affolée de voir des enfants d'ouvriers en couleur claire, c'était pas à leur portée, les ouvriers ne pouvaient pas s'habiller comme des patrons. Les patrons étaient gentils avec les ouvriers mais savaient rester à leur place."
" Les classes sociales se distinguaient. Les femmes d'ouvriers se reconnaissaient dans la rue, elles avaient souvent un tablier bleu. Les hommes avaient un pantalon de velours et une casquette. Les ouvriers allaient travailler en bleu de chauffe, en bleu de travail."
"On le sentait venir le Front populaire. Ca remuait beaucoup déjà. Mon père parlait que ça allait aller mal. Quand il a fait grève il débauchait les ouvriers pour qu'ils aillent faire grève avec les autres. C'était le ras-de-bol des gens! On était quand même exploités. Les revendications, elles portaient sur moins d'heures de travail et sur les augmentations de salaire, c'est surtout pour ça. les congés, ils venaient après tout ça."
Charles Valentin (projeté sur l'écran, photos ci-dessus): "Je le voyais traverser la place de la gare pour prendre le train de Paris. C'était quelqu'un d'imposant avec le chapeau sur la tête, mais le chapeau facile: toutes les 10 secondes, il saluait monsieur ou madame une telle. Je crois que tout le monde ne le connaissait pas, mais en tout cas son visage était tourné avec bienveillance vers toutes sortes de personnes."
"Charles Valentin, c'était un homme sympa. Il était presque unanimement aimé. Il avait le chapeau facile, il saluait tout le monde, même un charretier ou un ouvrier."
"Quand tout ça c'était fini, quand ils ont su pour les 40H, les congés payés et tout... C'était la fête. Ils sont sortis en cortège dans la rue et ils chantaient. Oh, la, la! c'était la fête. On avait gagné, on avait obtenu tout ça! c'était pas les syndicats qui avaient gagné, c'était les ouvriers."
"A ce moment là aussi on a vu arriver les tandems, il y en avait plein. C'était un moyen de se déplacer qui ne revenait pas cher. Souvent, il y avait le père, la mère et derrière une petite charette avec les enfants."
"15 jours à la maison, sans travailler, à être payé! Ah, c'était beau ça! on avait un but, on savait qu'on travaillait mais qu'on avait nos congés, c'était une bonne chose."
"Le casino, tout le monde n'y allait pas, c'était déjà la classe là! Ce qu'il y avait déjà de bien, c'était le café Belle Vue et alors la taverne du Kursaal, ca c'était bien fréquenté la semaine. Je dis pas que le dimanche c'était mal fréquenté mais c'était plus ouvrier..."
"mais on sentait venir la guerre, il y avait des changements, il y avait la guerre civile en Espagne, puis les italiens qui sont rentrés en guerre avec l'Ethiopie et l'Allemagne nazie..."
Un livre a été édité par la ville de Dunkerque avec les témoignages et est consultable à la bibliothèque de Dunkerque centre.
Les acteurs ont diffusés ces témoignages avec une grande intensité au niveau des expressions et de l'émotion, ils ont à plusieurs reprises mentionné que si les anciens ont réussi le combat, c'était par leur solidarité et que les jeunes y pourraient pas faire celà aujourd'hui !.
J'ai parlé de ce spectacle à un délégué syndical d'une multi-nationale implanté sur Dunkerque, il disait que 1936 a été un grand tournant dans le monde du travail, que la période que nous vivons actuellement présente des ressemblances à cette époque, que si lui a vécu une amélioration de ses conditions de vie par rapport à celle de ses parents, il voit une régression pour ses enfants. Quand il a commencé à travailler, un ingénieur qui débutait était un homme que l'on remarquait, il avait une voiture et une maison, aujourd'hui il est embauché avec un salaire inférieur à un ouvrier!. Si le salaire dans une grande usine est encore correct, il faut regarder ceux de la sous-traitance de plus en plus employée qui sont au plus bas niveaux.
A notre époque actuelle où gouvernement et patronat souhaitent remettre en cause les acquits sociaux comme pour les retraites, il faudrait faire attention à ce que le témoignage écrit dans ce livre " Moi,quand j'ai commencé à travailler, j'ai dit: Ben, maintenant je travaille jusqu'à ce que je casse ma pipe!."ne devienne demain réalité.
L'ami Bidasse
A l'entrée, une idée du spectacle est donnée
une mise en scène sur la cour centrale
dans le bâtiment des cadres, sortie sur la rue des remparts et dans le souterrain amenant à la caponnière double
sortie du souterrain en rang par deux, jeux de lumières et cabaret dans la caponnière double pour terminer sur la cour nord avec le chant des partisans.
Des visites qui ont remportées un franc succès, les six représentations étaient prévues pour des groupes de vingt personnes, la visite du dimanche à 16H a reçue un centaine de personnes supplémentaires! que la troupe a réussie à gérer malgré les difficultés rencontrées.
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